-Je n'arrivais pas à dormir. Et n'aillant rien de mieux à faire, j'ai décidé de venir répéter... Barbra m'a semblé être un choix approprié. Enfin, tu ne peux pas comprendre je suppose..

Je fronçai légèrement les sourcils sur son petit pic à la fin de sa prise de parole. Me prenait-elle pour une grosse brute débile comme Goyle ? Bon, non je ne comprenais pas l'intérêt de venir chanter ici aussi tôt, mais le fait qu'elle est choisit du Barbra, ça je le comprenais parfaitement. C'était une de mes chanteuses préférées mais j'évitai de le dire. Oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, j'aime la musique ! Vous savez, lorsque vous avez vécu plusieurs années pratiquement tout seul dans un manoir, vous cherchez un lot de consolation, une activité qui vous fait oublier votre solitude...Et bien moi, c'était la musique. Oh bien sur, personne ne le savait, et personne ne le saura avant longtemps car ma réputation pourrait en pâtir ! Je suis le mal en personne, je fais peur à pas mal de gens...Vous avez déjà vu dans un film, un méchant qui écoutait du Barbra à ses heures perdues ? Non ! Bref, je me contentai de la regarder, et répondit d'une voix monotone :

- Il n'y a rien à comprendre, tu fais bien ce que tu veux après tout...

Elle avait dit aussi qu'elle n'avait pas réussi à dormir ? Était-elle insomniaque ? J'étais dans la même situation qu'elle en ce moment...Le sommeil était devenu pour moi un être étranger, dangereux. La peur m'envahissait à chaque fois que je fermai les yeux plus de cinq minutes et si par malchance je réussissais à m'endormir, les cauchemars me rendaient visites. Cela devait faire plus de deux mois que je ne dormais plus, que j'errai dans les couloirs en quête d'une activité pour me tenir éveillé. Je commençai petit à petit à comprendre le sens de la venue de Rachel en ces lieux...Peut-être qu'elle était comme moi, qu'elle tentait tant bien que mal à repousser ses démons. Je posai sur mon interlocutrice un regard perçant, cherchant à connaître la réponse...Mais un simple regard ne révélait pas toute l'histoire d'une personne.

-Enfin bref.. je ne voudrais pas te chasser mais je crois qu'on n'a plus rien à se dire... à moins que ne désires te servir de l'auditorium auquel cas c'est moi qui partirai...

- Je ne chante pas, je ne vois pas en quoi rester ici me serai utile.

Il était vrai que sa réflexion était un peu bête, car Rachel savait pertinemment que je ne chantais pas ! Mais bon, cela devait être plus une forme de politesse qu'autre chose. Je tournai les talons prestement et lui fit dos, me retrouvant encore une fois devant ces centaines de sièges vides. Cette sensation horrible qui vous tord les boyaux me fis figer sur place. Je craignais les grands espaces vides, et noirs...Cela me rappelait trop de mauvais souvenirs. Des images défilèrent devant mes yeux, des images sombres, floues mais qui pourtant m’apparaissaient claires. Je fermai les yeux pour les faire disparaître puis secouai la tête pour reprendre mes esprits. Je soupirai doucement et commençait à avancer vers la sortie sans jeter un seul regard derrière moi...

Toujours dos à Rachel, je disparus dans la pénombre du côté spectateur. Je me retournai un instant, regardant la scène éclairée d'un air las. Cette pièce représentait notre monde, le côté lumineux où les meilleurs ressortaient, étaient respectés, aimés et adulés...Et le côté sombre, où j'en faisais parti, dont le seul but était de rester terrer sous terre, maudissant toutes formes de lumières, devenant aveugle à cause du noir total et incapable d'aimer puisque la noirceur des ténèbres vous entouraient le coeur de ronces de haine et de cupidité. J'avais encore la possibilité de m'en rendre compte, mais malheureusement, je ne pouvais plus rien y faire. Fuir ? Je mourrai, Supplier ? Je mourrai...Le suicide était le seul échappatoire mais j'étais bien trop faible et bien trop peureux pour risquer de fermer les yeux à jamais sur cette vie qui ne sera jamais heureuse. Au début, je trouvai ça "cool" de faire partir des "méchants", mais plus les années avançaient, plus mes responsabilités augmentaient au sein des mangemorts. A un tel point que je devais, durant cette année, tuer Dumbledore. Mais je ne veux pas ! Je n'ai jamais voulu devenir un meurtrier ! J'étais dans un étau qui se refermait de plus en plus sur moi, soit je le faisais et je serai rongé par la culpabilité et deviendrai l'un des leurs, soit je refusais et je mourrai dans d'atroces souffrances.

Je soupirai longuement et ne m'étais même pas aperçus que cela faisais déjà cinq minutes que j'étais plongé dans mes pensées. J'allai tourner les talons pour repartir quand une voix s'éleva, chantant une chanson qui ne m'était pas inconnu. Cela me fit comme un coup de poing dans le ventre lorsque je reconnus la mélodie : Papa, can you hear me ? . Non, non, NON ! Elle n'avait pas le droit de chanter ça ! C'était...c'était...Non elle n'avait juste pas le droit ! Cette chanson, ces paroles...Tout en elle me rappelait mon enfance mais aussi mon présent. Mon père que j'avais si longtemps considéré comme mon héros...Et qui disparaissais de jour en jour, d'heure en heure, pour ne devenir qu'un fantôme sans âme et sans peine. Tant de fois j'ai essayé de le ramener étant gosse, de lui montrer que j'existais, tant de fois j'ai tenté de lui rappeler à quel point j'avais besoin de lui, que tous les garçons avaient besoin de leur père ! Mais c'était peine perdue, les ténèbres l'avaient déjà engloutit, faisant de mon père, un assassin sans remord. Pourtant, au fond de moi, je savais qu'il faisait ça pour nous protéger, pour s'acquitter de sa dette mais il y avait en moi, toujours cette rage envers lui. Une larme coula sur ma joue, sans même pouvoir la contrôler. Je réprimai un sanglot, et l'essuyai avec rage ayant conscience que je venais de faire du bruit. Rachel avait arrêter de chanter...Il fallait que je parte d'ici avant qu'elle ne me voit, dans cet état si...Pathétique et pitoyable. Je posai une main sur la poignée mais...

-Je croyais que tu voulais partir
Mon coeur fit un bon spectaculaire dans ma poitrine. Trop tard, elle m'avait remarqué. Je voulus partir au plus vite mais la lumière du projecteur me figeait sur place comme un immense oeil fixé sur moi. Je n'aimais pas cette situation, être semblable à un lapereau paralysé devant les phares d'une voiture me mettait dans tous mes états. Je me sentais faible et pathétique à la fois. Des pas se rapprochèrent de moi et ma main se serra autours de la poignée au rythme de ceux-ci. Non, je ne voulais pas qu'elle me voit dans cet état ! De quoi aurai-je l'air ? Rachel allait sans doute se moquer et le raconter à tout le monde, il allait falloir que je la réduise au silence ! Le bruit s'arrêta et je lançai un regard en biais pour voir où elle se trouvait. Malheureusement pour moi, elle se trouvait juste à côté de moi et pris au piège, je lâchai la poignée laissant tomber ma main, dont les phalanges avaient blanchies à force de serrer, le long de mon corps. Va z'y moques toi, profites en car je te promets qu'un jour, tu ne pourras plus jamais parler !

-Quelque chose ne va pas ? Tu veux en parler ? J'ai conscience que tu ne me connais pas plus que je ne te connais, mais tu peux me croire, tout garder en soi n'est pas toujours une solution. Ca va te détruire plus qu'autre chose, tu vas en souffrir plus encore. Ne pas montrer ce que l'on ressent afin de ne pas laisser aux autres l'opportunité de s'en servir à tes dépends est une chose, mais te rendre malade en gardant tout pour toi tout en faisant semblant qu'il n'y a rien est parfois encore pire.

Je tournai lentement la tête vers Rachel, la regardant comme si elle venait d'une autre planète. A quoi jouait-elle exactement ? Je me demandais si je ne préférais pas les moqueries du coup ! Cette fille me proposait son aide ? Alors qu'il y a même pas deux minutes, elle voulait , en quelque sorte, me foutre dehors ? C'était absurde, elle cachait quelque chose, c'était obligé ! Pourtant, elle m'avait l'air sincère...NON ! Même s'ils croient le contraire, les Gryffondors sont tous aussi perfides que nous ! Mes traits s'endurcirent de nouveau, et j'effaçais le sillon de larme sur ma joue avec mon bras. Je lançais à mon interlocutrice avec un ton suspicieux :

- A quoi tu joues ? Est-ce encore une de vos nouvelles techniques pour s'en servir contre moi après ? Non, je ne marche pas, je ne me ferai pas avoir par ce petit jeu !

Le plus frustrant, c'était que je ne voyais aucune lueur de mensonge dans sa voix ou dans son regard. Mon dieu, cette fille était folle ! En tant ordinaire, je me serai moquée d'elle et je l'aurai menacée de mort mais là, je ne fis rien. J'étais las, fatigué, que même les joutes verbales me demandaient trop d'énergie. Comment en avais-je pu arrivé là ? Je saturai, oui, je n'en pouvais plus ! Mon visage se relâcha, même garder un air austère m'épuisais...Mon dieu non, je ne devais pas me montrer si faible devant elle ! Mais je n'avais même plus la force de faire ce que j'avais l'habitude de faire : Fuir

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-Drago regarde moi, Je ne joue à aucun jeu. Je sais qu'il y a deux minutes, je n'avais qu'une envie, que tu fiches le camp d'ici, je le reconnais. Mais je vois que tu vas mal, et j'en viens à me demander si je n'ai pas porté un faux jugement sur toi. Je veux réellement t'aider du mieux que je le peux, mais le choix t'appartiens. Tu peux me faire confiance ou m'envoyer promener, c'est à toi de voir.

Je la fixai puis soupirai longuement. Cette fille n'allait pas céder aussi vite, je le sentais. M'aider ? Moi ? Hors de question ! si quelqu'un m'aidait, je mourrai à coup sûr ! Je ne pouvais tout simplement pas lui laisser cette opportunité de me tuer encore plus vite. Cela dit, je ne savais pas comment fuir cet étau qui se refermait petit à petit. Je pourrai simplement la dédaigner du regard puis partir théâtralement comme à mon habitude mais elle m'avait vu faible...Cela n'aurait pas le moindre impact sur Rachel qui à coup sûr, me retiendrait. Je restai donc là, sans rien dire, cherchant une solution pour partir d'ici indemne. Et si...Et si je disais tout simplement la vérité ? Peut-être que cela la ferai fuir de peur ! Non, trop dangereux...Elle m'avait l'air du genre miss-je-sais-tout-et-je-suis-une-balance...Comme cette sang de bourbe de Granger. Je repris un air grave avant de lui répondre simplement :

- Je ne peux rien te dire, c'est mon fardeau, pas le tient...chacun reste à sa juste place et ce qu'il s'est passé ici, restera ici...Continue à avoir le jugement que tu me portais au début, cela vaudra mieux pour toi et moi. Oui, détestes moi, comme tout le monde le fait, tu verras...c'est pas si compliqué !

Je me retournai, fier de ma prestation qui fut tout à fait naturel et spontané...Oui...Spontané car elle était véridique. Je serrai les poings, bordel ! j'ai toujours vécu comme cela ! ça ne devrait pas m'affecter ! Oui je suis haïs de tous et alors ? Je suis aussi beaucoup respecté ! Je secouai la tête, ne sachant pas ce qu'il m'arrivait, surement la fatigue...et avança d'un pas ferme vers la sortie.

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-Drago attend ! Ok tu ne veux rien me dire, c'est ton choix, mais tu ne peux pas me demander de continuer à voir en toi un mec prétentieux, arrogant et détestable parce que je sais ce que n'est pas toi, et rien de ce que tu ne pourras dire ou faire me convaincra du contraire. Je ne me fais pas d'illusion, je me doute bien qu'il y a sûrement du mauvais en toi, mais... je suis certaine qu'il n'y a pas que ça. Alors... même si se serait plus facile de te détester plutôt que de voir ce qu'il y a de meilleur en toi, je préfère m'acharner à voir qui tu es vraiment.

Bon dieu mais faite la taire ! Tant de parole, tant de chose complètement stupide ! Mais c'est qui cette fille ? Y'avait-il un truc qui ne tournait pas rond chez elle ? Pourquoi ne pouvait-elle pas me détester simplement ? Pourtant c'était si simple, je n'étais pas un gars sympa, ni bienveillant encore moins ouvert d'esprit...Je suis opportuniste, j'aime l'argent et foutre en l'air la vie de tous ceux qui se dressent contre moi, et si je dois en venir là pour Rachel, elle l'aura chercher. Je me surpris à reprendre du poil de la bête, pourtant je ne trouvais rien à lui répondre de méchant. Pourquoi ? Peut-être parce qu'elle ne me voulait pas de mal...Et BIIM ! Comment je devais réagir à ça moi hein ? Une gryffondor veut sympathiser avec un serpentard ! Non mais j'y crois pas ! Oui je l'avouais, j'étais complètement paumé...Je ne pouvais pas la rembarrer car...Ba oui elle ne m'avait rien fais de mal ! Bon en temps normal, j'aurai bien trouvé un truc mais là, dû à ma faible santé morale et physique, je séchais complètement. Je me retournai, entrouvris la bouche, puis la refermai ...Rien de pertinent n'allait en sortir.

-Et... si un jour t'as besoin de quelque chose... tu sais où me trouver.

Je la regardais sourire...Ok...Soit je fuis en courant, soit j'appelle Sainte Mangouste ! Je fermai les yeux un instant avant de dire calmement :

- Franchement, bien que le fait que tu veuilles te montrer sympathique envers moi me semble sincère, ce n'est pas réciproque. Ne cherche pas non plus ce qu'il y a de bon chez moi, je vais t'épargner cette tâche en te disant qu'il n'y a rien depuis bien longtemps. Je suis comme je te le montre maintenant...Certes avec des cernes en plus et aucune répartie mais en rien gentil. Maintenant cesse de parler et oublie moi...

Je fis une nouvelle fois demi-tour et sortit enfin de cet enfer. Je crois que cette fille va m'en faire baver ! Pourquoi me suis-je levé si tôt ? Rahh ! Tout était de la faute de ce gros lard de Goyle , il me le payera ! Non mais, je suis pas quelqu'un qui à besoin d'une épaule pour pleurer, je suis fort ! Enfin...Je crois...

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